jeudi 14 janvier 2016

JTPV - bosser dans une entreprise japonaise

Je fais partie de ces gens qui ont lu Stupeur et Tremblements d'Amélie Nothomb. Je fais aussi partie de ces gens qui travaillent dans une entreprise japonaise. Depuis avril dernier, environ neuf mois donc. Mon statut est un peu particulier : ce n'est pas mon emploi principal, mais un complément d'activité que j'ai commencé à faire une journée par semaine, avant que ça ne se développe.
A cause de ma lecture de Stupeur et Tremblements et le fait que mon niveau de japonais s'apparente à celui d'un enfant de deux ans qui titube en couche culotte, j'avais une légère inquiétude quant à mon entrée dans cet univers nouveau.


A tord.
Je n'ai jamais travaillé dans une entreprise en open space avant, préférant d'habitude les greniers poussiéreux des musées. Par conséquent je ne peux pas vraiment comparer le système français avec le système japonais. Le travail en lui même n'est sans doute pas bien différent, et je ne suis pas assez au fait des mystères de l'administration pour l'expliquer correctement quoi qu'il arrive.
Je ne nommerai pas l'entreprise, mais je peux vous dire que je fais de la traduction de l'anglais vers le français, et un peu de marketing et de communication pour aller avec.

Du coup, ça ressemble à quoi, une journée de travail dans une entreprise japonaise ?
L'arrivée se fait autour de 8h40. On s'installe, on allume les ordinateurs, on vérifie les mails.
Généralement je regarde les miens de l’œil éteint qu'avaient sans doute les romains face aux lettres toutes en hiéroglyphes de leurs potes égyptiens. C'est vaguement esthétique, mais ça serait quand même vachement plus clair avec des lettres !
Vers 8h50, la première sonnerie de la journée retentit : il est temps de se rassembler dans le hall d'accueil pour obtenir les dernières infos de la compagnie. Comme vous vous en doutez, je ne comprends pas plus que lorsque je consulte mes mails. Du coup maintenant j'arrive tranquillement à 9h, qui est l'heure indiquée sur mon contrat de toutes manières. Et puis ça me permet d'éviter les étirements du mardi matin. Faire du sport le matin, en tenue de travail, alors que je ne suis jamais complètement réveillée avant midi et risque de transpirer comme un bœuf pour le reste de la journée ? Pourquoi m'infliger ça ?
9h, on peut commencer à travailler ! Ma voisine parle parfaitement anglais, et elle me sauve la vie à chaque fois : le reste de mes collègues ne me parle presque que en japonais. Sachant que je n'ai absolument pas le temps d'étudier la langue et que les seuls nouveaux mots que j'entends viennent de gosses de 3 ans, je vous laisse imaginer ma détresse lorsque quelqu'un tente de communiquer avec moi.

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J'arrive à deviner quelques trucs, mais dans un environnement professionnel c'est quand même mieux d'être sûr. Durant la journée, il n'y a pas vraiment de moment de pause officiel. Mais les employés, moi comprise, vont régulièrement se préparer du thé ou un café, faisant ainsi une coupure d'environ 5mn.
A midi, nouvelle sonnerie pour annoncer la pause déjeuner ! Les gens emmènent généralement un bento et on mange à notre bureau, ou non loin, avec nos collègues. Il n'y a bien sûr aucune obligation de le faire, mais c'est assez agréable de prendre le temps de discuter. Bien sûr c'est extrêmement limité pour moi. Mais ça ne me dérange pas de rester avec le groupe et de simplement écouter, en essayant de comprendre le sujet de conversation. On parvient tout de même à communiquer sur les sujets importants, comme les dernières news dans le monde Potterien ou le physique des acteurs japonais. La culture japonaise aussi.
J'ai moi aussi ma boîte à bento, qui représente la classe française et une maturité bien acquise : elle est beige et décorée de personnages de Totoro. Laissez moi vous dire que j'ai eu beaucoup de succès.
A 13h on reprend le travail et on continue la journée tranquillement. Je termine à 15h pour ensuite enchaîner avec mon boulot de jeune fille au pair à partir de 17h.

Contrairement à ce qui est décrit dans Stupeur et Tremblements, l'ambiance au boulot est très bonne, et tout le monde a été extrêmement accueillant et compréhensif. Pour la première fois de ma vie en milieu professionnel j'ai vraiment l'impression que mon travail est valorisé et mes compétences reconnues. Ce n'est pas vraiment le métier que j'ai envie de faire toute ma vie, car j'aimerais retourner dans le patrimoine à un moment où un autre, mais ça fait du bien d'avoir l'impression de faire quelque chose qui est apprécié !!

1 commentaire:

  1. C'est très intéressant ce que tu racontes. Je rêve de m'expatrier au Japon mais j'ai encore beaucoup de questions sans réponse, notamment par rapport aux VISA, aux écoles françaises pour mes enfants, au coût des loyers, et à travailler sur place. Pour ma part je suis photographe (on a échangé quelques mots sur instagram) :) http://www.mellelachieuse.com

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