vendredi 1 mai 2015

JTPV - être un bout de viande dans la rue

Retour aux USA pour quelques minutes. Je ne sais pas trop comment aborder le sujet, aussi je m'excuse si cet article est encore plus désordonné que les autres.
On parle de plus en plus du harcèlement de rue et des choses auxquelles les femmes sont confrontées quotidiennement. En France, j'ai eu la chance d'y échapper en grande partie. Pas complètement bien sûr, puisque c'est littéralement impossible, mais j'ai été assez épargnée. Et puis je suis allée aux USA.

J'ai donc décidé d'apporter ma pierre à l'édifice avec ce blog, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, j'ai décidé de parler à la fois de mes expériences, mais aussi de la mentalité et de la culture des lieux que je visite. Deuxièmement, parce que lorsque l'on est une femme qui voyage seule, c'est une chose à laquelle on est confrontée, et qui ajoute une certaine quantité de stress par moment. Au point ou certaines d'entre elles voyagent avec une fausse alliance. C'est malheureusement important de se le rappeler.

Lorsqu'un mec voyage seul, il doit faire attention à son porte-feuille et sa valise, et c'est à peu près tout. Corrigez-moi si je me trompe, mais une fois dans la rue, il peut se promener en se sentant relativement en sécurité, sortir le soir sans vraiment y réfléchir. Lorsqu'une fille voyage seule, en plus de cette inquiétude de base, elle va devoir faire attention aux endroits où elle se promène, faire attention à son entourage et réfléchir deux fois plus à la manière dont elle va s'habiller et la manière dont elle va rentrer s'il fait nuit (ce qui arrive très tôt en hiver). C'est la même chose en France, à l'exception du fait qu'en cas de problème, quand on voyage seule, on est seule. Complètement seule. Étant d'un naturel un tantinet paranoïaque, laissez-moi vous dire qu'il y a des moments où je ne faisais pas la fière. Fort heureusement le pire qui me soit arrivé fut de me sentir extrêmement mal à l'aise et furieuse face à certains comportements.

A Boston je n'étais pas toute seule lorsque j'ai visité la ville, à New York je pense qu'il faisait bien trop froid pour que les mecs aient le sang chaud, et je n'ai fait que les musées à Washington. Tout s'est bien passé. Je ne crois pas avoir eu de soucis à Miami non plus, à part quelques regards appuyés par moment. Et puis je suis arrivée à la Nouvelle Orléans. Vous le savez déjà, j'ai adoré cette ville. Vraiment. Ça ne m'a pas empêché d'en voir les défauts. Pour la première fois de ma vie, j'ai eu le droit au fameux "show me your tits" alors que je me baladais tranquillement. Premièrement, il est assez triste qu'on puisse parler d'un commentaire "fameux". Deuxièmement, qu'est-ce qu'ils croient que je vais penser ? "Oh ! Ce mec sale et puant l'alcool me dévisage d'un air lubrique alors qu'il est assis à moitié dans le caniveau ! Je DOIS enlever mon t-shirt !" Sérieux, bienvenue à Bourbon Street. Je passerai sous silence le "barely legal girls" club qui se trouvait un peu plus loin. Classe, vraiment. Je ne m'étais jamais sentie aussi sale que dans cette rue. Les mecs te regardent de bas en haut avec des regards appuyés avant de faire, ou non, un bruit d'approbation. Je marche dans la rue, je ne suis pas en train de passer un casting. Et est-ce qu'ils pensent sincèrement que j'en ai quelque chose à faire de leurs avis ?

Los Angeles était pire. C'est la ville des apparences, et pour la plupart des gens c'est la seule chose qui compte. Alors que je discutais dans le bus avec quelqu'un qui voulait me faire visiter la ville, il m'a sorti qu'il aurait bien aimé parader avec une jolie française à son bras. Comme si je n'étais qu'un vulgaire sac à main. Ça met de bonne humeur pour la journée. Sans compter tous les mecs qui passent à côté de toi et commentent ou lance des regards appuyés et dégueulasses. Ce qui arrive jusqu'à deux à trois fois par jour. Parce que c'est vrai que si je me balade dans la rue c'est pour recevoir les avis fortement constructifs des passants de la gent masculine. Le pire est celui qui s'est arrêté face à moi, m'a reluquée de haut en bas avant de faire un bruit appréciateur et je ne sais plus quel commentaire, comme si j'avais passé une sorte de test personnel. Il a ensuite continué sa route comme si de rien n'était, sans doute pour recommencer quelques mètres plus loin. Et pendant ce temps, moi je tremblais de rage. Parce que c'était la troisième fois de la journée que j'avais le droit à un comportement similaire. Parce que j'avais l'impression que je n'étais qu'un bout de viande pour ces mecs. Et parce que je me souviendrai de ce moment, alors que pour ce crétin ce n'était qu'une minute normale, et que depuis ce jour il a sans doute recommencé des dizaines de fois. Et parce que pendant une seconde j'ai regardé mes fringues en me posant des questions.

Aujourd'hui je suis au Japon. Je ne me suis jamais autant sentie en sécurité et à l'aise lorsque je suis dans les rues. Parce que les gens sont respectueux et polis. Parfois trop, c'est vrai, mais le résultat est là : on se sent à l'aise dans la rue. Alors ne venez pas me dire que "les mecs sont comme ça", "c'est dans leur nature"... Si c'est dans leur nature d'être des porcs, qu'ils aillent s'ébattre joyeusement dans la boue et laissent leurs salaires et responsabilités aux femmes qui ne seront pour la plupart pas distraites par un joli (ou non) décolleté. Non mais.

=> Je tiens à préciser que même si j'ai pu faire des généralisations, surtout sur la fin, je ne mets absolument pas tous les mecs dans le même panier. J'en connais des géniaux qui n'auraient absolument pas ce genre de comportement, preuve supplémentaire que ce n'est qu'une question de respect, d'humanité et de contrôle de soi.

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