jeudi 30 avril 2015

JTPV - acheter un téléphone à carte

OH MY GOD. Cette expérience était à la limite du traumatisant. J'ignore qui est le sadique à l'origine de tout ça, mais il y en a certainement un. C'est digne de Crowley de Good Omens. Vraiment.
On pourrait penser la chose aisée, mais ça c'est avéré être une quête de niveau 80. Au moins. Et au moment où je rédige cette introduction, l'affaire n'est toujours pas terminée.

Comme partout, si vous voulez acheter un téléphone au Japon vous devez signer un contrat. Ici il est d'une durée de deux ans. Etant donné que je ne reste que six mois environ, ce n'était pas la bonne solution. Le plus simple, en apparence, semblait être le téléphone à carte. Pas d'engagement, facilité d'achat des cartes dans les konbini, recommandations sur le net par tous les expats de courte durée... Parfait ! Tout le monde s'accordait à dire que la seule option viable est SoftBank. Et en plus ils ont un catalogue en anglais et des boutiques avec des employés causant la langue ! Quel service admirable !
Après quelques coups de fils à d'autres compagnies pour être vraiment sure, c'est décidé, ça sera eux.
J'étais jeune et naïve à l'époque, innocente de la dure réalité du monde. Heureuse et détendue, je franchis les portes de mon premier SoftBank, à Yokohama. Je trouve un document en anglais, mais quand le vendeur s'approche pour me parler et que je lui explique que je ne parle pas japonais, il part pour ne jamais revenir. Tout va bien monsieur ?
Le lendemain je me rends à Shibuya, où le staff parle anglais. Pas de chance, ils sont en rupture de stock pour les téléphones à carte quand j'y arrive. C'est pas bien grave, il y a un autre magasin de l'autre côté de la rue ! Où ils sont en rupture de stock également. Hum.
Bon, je reviendrai demain ! De toutes manières je viens de passer la journée entre Roppongi Hills et Shibuya, mes pieds me font souffrir et il est l'heure de rentrer. Et puis je ne vais pas me plaindre à l'idée de retourner sur Tokyo le lendemain ! M'enfin !
Le lendemain.
Je vais sur Tokyo avec Hiroya, et on s'arrête dans un SoftBank lambda (comprendre sans staff parlant anglais), où on apprend qu'ils n'ont jamais ce type de téléphone en stock. Ha ? C'est un peu étrange quand même... Mais c'est vrai qu'on est en zone vaguement résidentielle, je suppose que les gens ne prennent que des contrats. Soit.
Retour à Shibuya quelques minutes plus tard. Sur les deux téléphones qui acceptent leurs cartes... Car oui, il n'y a que DEUX modèles qui fonctionnent. Un pas trop mal et un complètement pourri. Devinez quel était le seul qu'ils avaient en stock ? Et en plus il y avait une heure et demi d'attente. Mais mademoiselle, me dit-on. A dix minutes de marche il y a un autre SoftBank. Il y a moins de monde et devinez quoi ? Ils ont peut-être le téléphone que vous voulez ! C'est pas génial ça ? Oh si oh si ! La dame me donne les directions, mais à un moment elle me dit de tourner à droite en montrant la gauche. Je me dis qu'elle a confondu les mots en anglais et qu'il faut que je parte à gauche. Et bien non, il fallait bien aller à droite. Je perds donc une heure et visite deux nouveaux SoftBank où ils ne vendent pas ce type de téléphone. Je ne vous cache pas que l'agacement commençait à poindre le bout de son nez. Je décide de me relaxer un peu en mangeant mon bento avec Hachiko.
C'est pas un pote hein, c'est la statue du chien à Shibuya.
Une fois le bento fini et désormais sûre des directions, me voilà face au SoftBank dont on m'avait parlé. Après une attente d'une quinzaine de minute, on m'explique que non non ils n'ont pas du tout le téléphone que je veux, mais que par contre ils ont l'autre modèle. Non monsieur c'est pas grave, je sais qu'il y a un autre SoftBank à Harajuku, et je sais qu'ils ont des gens parlant anglais là-bas, donc ils ont sans aucun doute possible des téléphones à cartes. Hein ? HEIN ?
Ha ha. Je commençais à percevoir le problème, mais j'avais encore foi en l'espèce humaine.
Arrivée à Harajuku, je repère le SoftBank. Il est énorme. Enfin ! C'est sûr et certain, vu la taille du magasin et son emplacement dans un quartier aussi touristique, ils ont forcément des téléphones à cartes ! Et puis vu la taille du magasin, ils doivent avoir un sacré stock ! Je suis sauvée ! Je vois le bout du tunnel ! Yatta !
"Désolée mademoiselle, on ne fait pas ce genre de téléphones. Mais vous pouvez essayer à Roppongi !"




Ho.
Je me console avec la crêpe/glace/chantilly/cheesecake dont vous avez peut-être vu la photo. C'était une question de survie.
Je suis occupée pendant le week-end, le lundi j'ai du boulot à faire, le mardi je bosse, le mercredi est férié et je m'occupe des enfants avant de faire un tour en voiture avec tout le monde... Mais au lieu de m'apaiser et d'oublier cette histoire, la pression monte. Chaque jour sans téléphone est un affront personnel.
Jeudi.
Je prends le train à la première heure et arrive à Shibuya pour l'ouverture. Si je suis parmi les premières, ils auront du stock hein ? HEIN ? Pitié, dites-moi qu'ils ont du stock !!
"Oui oui mademoiselle ! C'est par ici !"
Vous êtes sûre hein ? Ce n'est pas une blague ? Une caméra cachée pour explorer les tréfonds du désespoir humain ?
"Jean-Luc, on a une nouvelle crise de nerf ! Ha, ces gaijins..."
Je monte et on me prend en charge. La dame vérifie les stocks sur son téléphone, ils ont même la couleur que je veux ! Le ciel s'éclaircit au dessus de moi et les arcs-en-ciel jaillissent de partout.
Puis elle s'absente quelques minutes et revient l'air piteux.
"Je suis désolée mademoiselle, en fait on n'a pas ce modèle en stock, on n'a que l'autre..."
*explosion neuronale*
*big bang cérébral*
*le ciel s'ouvre et des torrents de pluie déferlent*



Ok...
On fait le contrat, les manips, je peux choisir les quatre derniers chiffres du numéro ! Je ne savais pas et j'ai eu un blanc, donc j'ai juste mis ma date de naissance. Quelle occasion manquée ! 666 aurait été de rigueur vu que toute cette histoire est diabolique. Ou 42. D'autant plus que je suis en plein dans le tome 3 du guide du voyageur galactique. Ou un message ! Raaaaaaah. Ma vie est un échec.
Mais j'ai mon téléphone ! Il est moche, il est pourri, mais je peux appeler, et envoyer des sms !!!!!
Je passe quinze minute à rédiger mon sms pour envoyer mon numéro à Hiroya et lui dire que finalement on ne se retrouve pas pour midi. Quinze minutes à essayer de comprendre comment le téléphone fonctionne, comment faire un espace, effacer et recommencer parce que je fais des conneries, et puis, enfin, enfin, le message est prêt !

*send*

"Requested facility not subscribed"

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